lundi 22 septembre 2008

De l'entretien d'embauche

FAQQM (Foire aux questions qui m'énervent) :

Savez-vous utiliser un ordinateur?

Tout à fait, je n'ai encore jamais vu de traducteurs travailler sur un cahier 21 x 29,7 grands carreaux avec marge à gauche. En outre, le traducteur n'a pas pour habitude de remettre un torchon à ses clients. Il va de soi qu'un traducteur sait utiliser un ordinateur puisque avec son cerveau l'informatique fait partie du package de base pour exercer son métier. Un traducteur sans ordinateur, c'est un peu comme un boulanger sans farine ou un pilote sans avion.

Et Internet?

Internet est l'outil essentiel du traducteur, il y puise la majeure partie de ses informations. On ne débute pas forcément sa carrière avec son bureau rempli de toutes les encyclopédies du monde qui se retrouvent de toute façon bien vite caduques. Et en cas de texte qui décortique, par exemple, toutes les pièces d'un poids lourd accidenté, il est évident que nos recherches vont être effectuées sur Internet. A nous de consulter les sites spécialisés pour trouver à chaque élément du rapport d'assurance le terme adéquat dans la langue d'arrivée (c'est une solution plus sûre que le garagiste du quartier pas forcément disponible ;-). Et puis, un traducteur, ça reçoit et envoie des mails tous les jours, donc oui la messagerie, on sait aussi s'en servir.

Etes-vous flexible?

Le travailleur indépendant, quel que soit son domaine est par définition flexible. La flexibilité, c'est sa survie. A midi ou à minuit (véridique!) on décroche son téléphone et on bosse si on a besoin de nous. La pause déjeuner ou pipi, ça sera pour plus tard. Il m'est arrivé un nombre incalculable de fois de ne pas aller me coucher par manque de temps. Au tout début de mon activité, je suis même restée sur ma chaise devant l'ordinateur 36H d'affilée. J'en avais perdu la notion du temps. Alors sincèrement, quand on met en doute ma capacité à être flexible, ça me hérisse le poil! Le traducteur, la fainéantise, il ne connait pas. C'est un métier où il n'y a pas de planqués. Surtout quand pour se nourrir, on ne peut compter que sur soi-même. Par la force des choses, le traducteur s'adapte à tout. Le sujet à traiter étant à chaque fois différent. En outre, la clientèle étant extrêmement variée, il a su développer certaines aptitudes sociales et a appris à sourire en dépit de la fatigue et du fil à retordre qu'a pu lui donner un texte qu'il a parfois dû réécrire et pas seulement traduire (dans ce cas, les clients sont toujours très reconnaissants et au vu du travail accompli s'excusent même après coup de la piètre qualité du texte qu'ils nous avaient confié...)

Avez-vous déjà travaillé comme secrétaire?

J'ai été pendant 6 ans ma propre secrétaire. Classer, organiser, répondre au téléphone, aux divers courriers, informer, conseiller, orienter, rédiger, oui je sais faire :-)

Je note une méconnaissance totale du métier de traducteur chez le grand public, et une méconnaissance encore plus grande de ce qu'implique le statut de travailleur indépendant. Je me demande d'où vient cette vision très bucolique du traducteur, un crayon gris fiché derrière l'oreille, en train de rêvasser devant un plan d'eau, voire récitant de la poésie, un collier de fleurs sur la tête et éventuellement entouré de quelques toiles d'araignées. N'importe quel employeur peu averti voit en nous un incapable notoire, complètement ignare en matière de technologie, juste bon à effeuiller les pâquerettes. On se coltine une réputation de "littéraires" peu vendeuse (dans l'inconscient général, le littéraire est au mieux un ringard improductif inadaptable, au pire un fumiste improductif inadaptable) alors que dans les faits, les textes purement littéraires que j'ai eus à traduire (philosophie, théâtre) étaient noyés dans la masse des textes scientifiques (brevets, rapports d'autopsie, dossiers médicaux), juridiques (contrats, procurations, actions en justice), techniques et financiers (rapports d'activité, documents comptables). C'est dommage d'avoir une vision si réductrice d'un métier. Dit-on aussi du traducteur du manuel d'utilisation de l'Airbus A380 que ce n'est qu'un littéraire ? :-)))

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